La nutrition, la nouvelle religion ?
Nous devons manger pour survivre, et pour ce faire, nous devons fournir à nos corps nécessiteux des aliments à intervalles réguliers, en quantité suffisante et dans une composition équilibrée. Toutefois, l'alimentation ne se limite pas à fournir les nutriments et l’’énergie nécessaires à l'organisme.

Manger implique toujours de participer aux réalités sociales et culturelles de l'environnement ; manger crée de la proximité, de la protection et de la sécurité, de l'appartenance. La nourriture peut donc faire passer un message, car elle peut exprimer une forme particulière de soin, d'amour et d'attention. Manger fait ainsi partie de notre identité, de notre culture, de l'expression de la convivialité, des valeurs et des normes. Avec et par la nourriture, des contacts sociaux sont établis et maintenus, l'amour, la proximité et la protection sont exprimés.
L'alimentation en tant qu'expérience sociale
Nous naissons dans un monde, nous apprenons, au cours d'un processus de socialisation, quels aliments sont culturellement considérés comme précieux, médiocres, désirables ou détestables. On nous apprend également à quoi doit ressembler un plat, quel doit être son goût et nous apprenons également sa structure temporelle. Les odeurs, les goûts, l'aspect, le toucher et la température des aliments sont également importants. Cependant, les personnes qui m'entourent, sont cruciales, elles font du repas une expérience sociale particulière, me permettent de me considérer comme « un être humain parmi d’autre » et me donnent un sentiment d'unité, d'expérience partagée plutôt qu’individuelle, de participation et de sens.
La nourriture est « célébrée » ; il existe des institutions importantes, telles que la science, qui nous « disent » ce qui est « bien » et « mal », ce qui est à la mode, ce qui est moralement et éthiquement défendable. L'alimentation a un « prix » universel, celui de l'équivalence monétaire et la « monnaie de la santé ». Pour cela, nous nous « sacrifions » beaucoup, pratiquons le « renoncement » et devons « expier » nos vices de gourmandise. Et la science promet l' « absolution », la perspective de « risques réduits » et nous appelle à pratiquer la responsabilité, la compassion et la justice dans le système alimentaire.
Le rôle de l'alimentation
Nous vivons aujourd'hui à une époque que l'on peut de plus en plus qualifier de « séculaire ». Dans le même temps, nous pouvons observer l'aspiration de nombreuses personnes à trouver un sens et une signification à leur vie. La sécurité, l'appartenance, le soutien et l'espoir sont tout aussi importants pour notre survie que la nourriture elle-même. Quel rôle joue l’alimentation dans ce domaine ?
Cependant, la religion en tant que vision du monde offre également une transcendance, un message de rédemption qui existe sans aucun préalable, un message qui pointe bien au-delà de moi en tant que personne vers une autre structure de sens. Chaque personne doit trouver son propre sens et répondre ainsi à ses questions fondamentales sur la vie. Lors de l'évènement d’Employés Suisse « Fokus Gesundheit: Prävention im privaten und beruflichen Alltag» (seulement en allemand) du 25 novembre à Zurich, les différences ainsi que les points communs entre l'alimentation et la religion seront mises en évidence et soumises à discussion.
Dr Christine Brombach
Au sujet de l’auteure
Prof. Dr Christine Brombach est chargée de cours à la ZHAW Life Sciences and Facility Management, groupe de recherche sensoriel à Wädenswil. Elle focalise ses recherchers sur le comportement alimentaire, la biographie, la sociologie et la communication de l’alimentation. Les pratiques du quotidien, les études sur la perception du consommateur.